Femme, collection textuel, 1991

Galerie James Mayor

Paris 1986

James Mayor

Catalogue

Aide à la première exposition du Ministère de la Culture

Au salon de Montrouge l’an dernier, mon attention fut attirée par le regard direct d’une femme noire, un regard qui semblait demander une plus ample connaissance. Cette première rencontre avec les pastels d’Agnès Lévy me conduisit à de nombreuses visites à son atelier du bout de la rue de Charenton, une sorte de quartier off-Bastille, quelque part derrière les voies du TGV. La première exposition personnelle de Lévy est l’aboutissement de ces visites.

Les noirs au pastel de Lévy, nus ou habillés, sont presque grandeur nature, ce qui crée une intense relation de face à face entre nous et le dessin. Mais leur présence a une dimension dynamique qui les fait souvent paraitre plus grands que nature: de larges pieds qui semblent prêts à se frayer un chemin à travers le verre qui protège, des mains puissantes et sensibles qui sont à la fois intelligentes et menaçantes, des coudes vigoureux et des épaules carrées, tout ceci donne une forme d’énergie musculaire, même aux personnages assis. Ses modèles associent à la perfection structurale des corps bien découplés de la sculpture classique une vivacité colorée.

A côté de ses personnages au pastel figure une série de natures mortes (un terme qui semble toujours connoter une inertie sans énergie qui ne s’applique absolument pas ici). Ces œuvres sont très proches des études de personnages, même si elles représentent peut-être un aspect plus secret du monde de l’artiste. Une petite statuette en bois figure dans toute la série. Cette figurine ne nous révèle jamais toute sa personnalité, mais elle semble posséder la même sensibilité intérieure que celle que nous percevons derrière les costumes vifs des personnages. Le traitement exuberant de la couleur chez Lévy et les formes puissantes de ses noirs sont l’aspect extérieur d’une recherche pénétrante de son modèle.

James Mayor