Monsieur Anne, 1990

Galerie James Mayor

Paris 1986

Jean-Yves MOCK France Culture

« Les Arts et les Gens »

France Culture

Emission radio du 9 juin 1986

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J’ai toujours eu une grande admiration pour les collectionneurs, pour les amateurs et pour les directeurs de galerie qui font les salons et des découvertes. 

C’est ainsi que Pierre Loeb avait découvert Bernard Dufour au salon d’Octobre 48-49. James Mayor avait une galerie rue Mazarine, il est maintenant 52-54 rue du Temple et il a découvert au Salon de Montrouge, une jeune peintre, Agnès LEVY dont c’est la première exposition. Elle vient de s’ouvrir et va durer jusqu’au 28 juin. 

C’est tous les 30 ans la même chose : les jeunes peintres redécouvrent le plus récent ou le plus passé de la peinture récente. C’est un peu ce qui se passe avec Agnès Lévy et c’est pourquoi j’ai voulu, puisqu’on ne la connait pas et qu’on n’a jamais entendu parler d’elle, essayer de la situer de manière la moins discrète possible pour que l’on ait envie d’aller voir son exposition. 

Ce sont des pastels, de grands pastels très colorés qui, dès le départ affirment d’abord un sens de la couleur, un sens du trait, un sens de l’espace pictural; ils affirment aussi le passage de ce que l’on a sous les yeux, que ce soit une nature morte, un homme ou une femme qui pose, ce passage qui n’est jamais une évidence en peinture.

On parle de style, qu’est ce que le style ? La peinture ou la sculpture bien évidemment, c’est ce que Picasso appelait «un regard subjectif organisé », et c’est ce que Agnès Lévy semble avoir au plus haut point. 

Ses tableaux – ce sont de grands pastels- mais disons des tableaux, parce que d’abord, ils sont d’un grand format. Ensuite, il y a une précision et une qualité qui dépassent la notion d’ébauche et que mérite le nom de tableau. Elle prend des feuillages, des fauteuils, des tables; il ya des natures mortes et une sculpture africaine… Car le «la» naturel de sa recherche, de sa passion se situe au bord du désert. Je l’ai rencontrée, mais je ne lui ai pas demandé pourquoi: peut-être pour des raisons ésotériques, peut-être simplement pour des appels directs de lumière, de couleurs, de physiques incarnés par rapport à des traditions, des cultures, des civilisations qui ne sont pas immédiatement les nôtres.

Mais enfin, je voulais beaucoup signaler son exposition parce que le travail d’Agnès Lévy est d’une fermeté, d’une ouverture et d’une qualité dramatique et lumineuse qui me semblaient appeler tous les éloges.

Jean-Yves MOCK